Au secours, mon cheval est atteint de fourbure !

– 2022-02-27 12:23:00

Au secours, mon cheval est atteint de fourbure !

Les sabots de votre cheval sont anormalement chauds, le pouls au niveau de son boulet est palpitant et la douleur lui fait prendre une position semblable à celle d'un cheval à bascule. Vous êtes presque sûr qu'il s'agit d'une fourbure. Que faire maintenant ?

La consultation de vétérinaire est obligatoire

La suspicion de fourbure est toujours une urgence qui justifie une intervention et des soins vétérinaires rapides. Si votre cheval souffre réellement de fourbure aiguë, les 48 à 72 premières heures de traitement sont cruciales. Si vous parvenez à contrôler l'inflammation pendant cette période, les dommages causés à l'appareil suspenseur du sabot peuvent être contenus et le cheval peut retrouver son état normal plus rapidement.

Avant l'arrivée du vétérinaire, vous pouvez prendre certaines mesures pour soulager votre cheval. Assurez-vous que votre cheval dispose d'une surface souple pour se tenir debout dans l'écurie. Des copeaux épais, du sable ou de la tourbe sont des options appropriées. Gardez les autres chevaux suffisamment près pour qu'ils soient visibles, mais pas trop près au point d'empêcher le cheval de se tenir debout ou de se coucher tranquillement. Il est donc absolument interdit de le laisser dans le troupeau !

Une autre chose que vous pouvez faire est de refroidir ses pieds avec de la glace pilée ou même des petits sacs de pois congelés dans des gants jetables ou des sacs de congélation que l'on place autour du bord de la couronne des quatre sabots, avec une couche de tissu entre eux et les sabots. Il convient de discuter à l'avance avec le vétérinaire du meilleur moment pour arrêter le refroidissement avant son arrivée, cela afin que son évaluation de la chaleur de la boîte cornée et des pulsations ne soit pas faussée.

Le vétérinaire effectuera également d'autres examens tels que la pression sur la sole et la radiographie de la boîte cornée du sabot. Aux stades aigus, les radiographies ne montreront aucun changement observable s'il n'y a pas de lésions antérieures - il est néanmoins important d'établir une base de référence pour évaluer l'évolution de la maladie sur les radiographies ultérieures. Le vétérinaire tentera également d'en trouver la cause.

La fourbure est généralement déclenchée par l'alimentation

Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine de la fourbure. Dans la plupart des cas, elle est liée à un déséquilibre du métabolisme de l'insuline. Les chevaux concernés présentent une résistance à l'insuline et/ou une dysrégulation de l'insuline, ce qui entraîne des taux d'insuline anormalement élevés dans le sang et a de lourdes conséquences sur le métabolisme.

Un taux d'insuline élevé et persistant peut avoir différentes causes

Les chevaux en surpoids sont souvent concernés car le tissu adipeux diminue la sensibilité des cellules à l'insuline (syndrome métabolique équin, SME).
Les races "économes" sont souvent génétiquement prédisposées à la résistance à l'insuline parce qu'elles ont été élevées pour avoir besoin de très peu de nourriture - certaines d'entre elles présentent même l'état métabolique typique du SME avec résistance à l'insuline, avec un risque accru de fourbure, à des poids normaux.
Les chevaux atteints du syndrome de Cushing équin (PPID) présentent souvent une insulinorésistance consécutive à la maladie.

Cependant, il existe d'autres facteurs déclenchants que la fourbure liée au métabolisme :

Une suralimentation ponctuelle en glucides facilement fermentés (comme les amidons ou les fructanes) peut également entraîner une fourbure : lorsque de grandes quantités de ces composés atterrissent dans le gros intestin, ils créent un déséquilibre dans les bactéries qui y vivent, avec une prolifération des micro-organismes formant de l'acide lactique en particulier, et la mort d'autres organismes en grand nombre. Ces bactéries mourantes libèrent des endotoxines, ce qui endommage la paroi intestinale en raison de l'augmentation rapide de l'acide lactique dans l'intestin. Les endotoxines passent dans la circulation sanguine et déclenchent un trouble de la circulation dans le derme.
Les coliques sévères peuvent également entraîner une telle libération d'endotoxines dans l'intestin et une absorption dans le sang.
Les endotoxines provenant de l'utérus peuvent passer dans le sang après la mise bas d'une jument.
Un apport excessif de sélénium peut également provoquer un cas grave de fourbure (empoisonnement au sélénium).
La fourbure peut être causée par une surdose de certains médicaments.
La fourbure concomitante (ou traumatique) due à l'utilisation de surfaces dures sur de très longues distances est assez rare de nos jours. La fourbure concomitante d'une jambe peut survenir lorsque le cheval compense une jambe boiteuse, provoquant une boiterie chronique et sévère dans le membre opposé.

Dans le cas de la fourbure, un traitement cohérent est essentiel

La fourbure est une affaire sérieuse. C'est l'une des maladies les plus douloureuses pour le cheval. Elle entraîne des problèmes graves et chroniques si elle n'est pas suffisamment traitée. Une gestion sur le long terme est essentielle, en plus d'un traitement rapide des épisodes aigus, notamment dans le cas très courant de fourbure métabolique. Un plan de traitement élaboré par votre vétérinaire est donc essentiel.

Le vétérinaire prescrira des médicaments, ainsi qu'un refroidissement constant pendant au moins deux ou trois jours et des surfaces souples dans l'écurie. Pour les chevaux atteints du syndrome de Cushing, il est important que la maladie sous-jacente soit traitée rapidement. Le cas échéant, il appliquera également une première protection du sabot, destinée à empêcher la rotation de l'os dans la boîte cornée. Il existe de nombreuses protections du sabot possible et tous les chevaux ne sont pas soulagés de la même manière.

Lorsque l'inflammation aura disparu, votre vétérinaire et votre maréchal-ferrant décideront ensemble de la protection du sabot la plus appropriée pendant la phase de guérison, à l'aide de radiographies prises pendant le processus de guérison. Le cheval doit d'abord recevoir une protection du sabot après avoir contracté la maladie, même s'il est habitué à ne pas être ferré. Selon le cheval, la guérison complète de la boîte cornée du sabot peut prendre jusqu'à douze mois au cours desquels il ne doit plus y avoir d'inflammation. Les sabots étant encore faibles pendant cette période, il convient de toujours suivre le programme d'exercice prescrit par votre vétérinaire après la guérison de votre cheval de la fourbure.

Une alimentation appropriée à tout prix

Quelle que soit la cause, les chevaux atteints de fourbure aiguë ne doivent recevoir que du foin, complété par de la paille si nécessaire. L'alimentation joue un rôle majeur dans la fourbure métabolique, même après la disparition de l'inflammation. Évitez les fluctuations de la glycémie chez les chevaux présentant une résistance à l'insuline. Les chevaux en surpoids doivent maigrir - et comme l'exercice n'est pas possible dans les premiers stades de la guérison, cela signifie qu'un régime strict est de mise.

Pour qu'un cheval à l'alimentation légère qui n'est pas à l'entraînement perde du poids, il faut réduire la quantité de foin à moins de 1,5 kg pour 100 kg de poids cible. En effet, cette quantité couvre déjà les besoins énergétiques quotidiens d'entretien et pour que le cheval perde du poids, il doit consommer moins d'énergie. Un mélange de foin et de paille permettra au cheval de satisfaire son besoin naturel de mâcher. Cela signifie que les 1,5 kg de fourrage pour 100 kg peuvent être composés jusqu'à un tiers de paille. Comme la paille contient moins d'énergie que le foin, elle crée un léger déficit énergétique. Une fois par semaine, mesurez la circonférence de votre cheval à l'aide d'un mètre ruban pour voir si le régime fonctionne : la mesure de la circonférence du cheval doit diminuer d'environ 1 à 2 cm chaque semaine.

Pour perdre de la graisse corporelle tout en conservant le tonus musculaire, il peut être judicieux de compléter l'alimentation de votre cheval par des acides aminés, en fonction de la teneur en nutriments de votre foin. Vous devez également donner à votre cheval au régime un aliment minéral pour qu'il reçoive suffisamment de minéraux et de vitamines.

Un cheval qui était auparavant en surpoids et atteint de fourbure, mais qui a maintenant un poids idéal, ne peut pas être nourri comme s'il n'avait jamais été malade. Continuez à éviter les aliments riches en glucides facilement digestibles, tels que les amidons de céréales. Car, comme nous l'avons mentionné plus haut, la résistance à l'insuline peut également affecter des chevaux de poids normal. Cela signifie que les pics d'insuline dans le sang constituent toujours un risque de retour de la fourbure. Si votre cheval sujet à la fourbure a besoin de concentrés pour travailler dur et que le foin seul ne suffit pas, donnez-lui des sources d'énergie alternatives comme des concentrés et des huiles à faible teneur en glucides et sans céréales.

La fourbure et la mise à l'herbe - un sujet compliqué

En cas de crise de fourbure aiguë, la mise au pré est bien sûr absolument interdite. Les chevaux en surpoids qui ont souffert de fourbure par le passé ne doivent pas non plus être mis au pré. En effet, les nutriments contenus dans l'herbe peuvent varier considérablement en fonction du temps, de l'entretien des pâturages et de la diversité des espèces. Et cela pendant les périodes de nuits froides de moins de 10 degrés Celsius et de journées ensoleillées, la teneur en fructanes de l'herbe des pâturages peut être assez élevée. Cette herbe est particulièrement savoureuse et certains chevaux en mangent donc beaucoup, ce qui peut entraîner des pics d'insuline élevés dans le sang et c'est pourquoi le pâturage pendant cette période peut présenter un risque de récidive.

Mais qu'en est-il si le cheval qui a souffert de fourbure est à nouveau mince et à l'entraînement ? Ici aussi, il faut être prudent, car lorsque le cheval mange de grandes quantités d'herbe à haute teneur en fructose, cela peut entraîner des taux d'insuline dangereusement élevés. Il convient donc de limiter les sorties, par exemple dans une zone clôturée, et de faire porter au cheval un panier de pâturage bien ajustée qui n'abîme pas ses dents.

Quelques points importants concernant le pâturage et la fourbure :

Même une "overdose" accidentelle et unique de délicieuse herbe de pâturage peut être risquée pour les chevaux sujets à la fourbure. Les clôtures des pâturages doivent être à l'épreuve des fuites, et toute personne qui fait paître les chevaux doit être informée si un cheval sujet à la fourbure peut être mis en liberté (et avec quelles précautions).
Les chevaux mis à l'herbe pendant de courtes périodes mangent souvent plus vite et consomment autant d'herbe que s'ils étaient restés à l'herbe toute la journée. Cela signifie que la limitation de la durée des sorties ne suffit pas à rendre le pâturage plus sûr pour les chevaux sujets à la fourbure, car les restrictions de temps ne suffisent pas à limiter la consommation d'herbe ! Régulez et ralentissez l'ingestion d'herbe en utilisant un panier pour le pâturage, si possible.
Si l'on sait que l'herbe courte est riche en fructanes, il ne faut pas croire que l'herbe longue est toujours pauvre en nutriments. Même l'herbe trop mûre peut être dangereuse : les chevaux recherchent souvent des graines d'herbe à haute teneur énergétique, qui sont comparables à des concentrés.

"Nourrir" - langage de l'amour : puis-je encore donner des friandises à mon cheval ?

Nous aimons tous gâter nos partenaires de sport et de loisirs à quatre pattes. Chaque cavalier souhaite pouvoir offrir une friandise ici et là, et rares sont les chevaux qui refusent une récompense savoureuse de votre main ou de sa mangeoire. Si votre cheval souffre de fourbure, il peut être difficile de résister à l'envie de lui donner des friandises supplémentaires, surtout s'il suit un régime amaigrissant strict. Les chevaux dans cette situation sont souvent assez frustrés et semblent avoir faim.

Mais chaque supplément dans la ration signifie plus de calories qui peuvent avoir un effet négatif sur la maladie et augmenter le risque de récidive. Évitez tous les ajouts inutiles sous forme de friandises, de purée, de muesli, de pain ou de fruits, même si le produit est présenté comme "à faible énergie" ou "de régime" ! Tous les aliments pour animaux contiennent de l'énergie (calories).

Si vous devez absolument donner une récompense à votre cheval, voici une chose qui serait acceptable : une seule ( !) carotte fraîche par jour. Contrairement à leur réputation, les carottes ne sont pas particulièrement riches en sucre ni en énergie. Bien sûr, elles en contiennent, c'est pourquoi vous devez les limiter à une par jour.

La fourbure chronique : douloureuse et évitable !

Lorsqu'une fourbure devient chronique en raison de négligences dans la gestion et le régime, la position de l'os du sabot dans la boîte cornée se modifie. Une rotation et un abaissement de l'os sont possibles. L'os du sabot peut également se déformer en raison de la pression accrue exercée par le dessous suite au changement de position : Il se forme ce que l'on appelle un rebord à l'extrémité de l'os du sabot, protubérance (parfois appelée "pointe de ski").

Ces changements sont visibles sur les radiographies et leur gravité peut être évaluée en marquant certains points de la bôite cornée du sabot avec des marqueurs radio-opaques avant la prise des radiographies. Ces marquages sont importants pour que le vétérinaire puisse établir un pronostic en vue d'un traitement ultérieur. La pénétration de l'os du sabot à travers la sole est une complication grave de la fourbure chronique.

La fourbure chronique peut souvent être détectée à l'œil nu : la paroi du sabot devient concave et présente un ou plusieurs "anneaux" : des anneaux horizontaux inclinés vers les talons, montrant une croissance inégale de la corne. Les chevaux atteints doivent souvent faire face à des abcès récurrents du sabot, car la couche lamellaire n'est plus intacte. Ils présentent également une démarche typique de " poterie " (atterrissage sur le talon en premier) afin d'éviter de mettre du poids sur les zones douloureuses.

En fait, la fourbure chronique n'est pas toujours clairement reconnaissable. Il existe de nombreux chevaux en surpoids qui ne présentent jamais de signes de fourbure aiguë. Il y a plutôt de petits signes que vous devez rechercher : Les chevaux atteints se déplacent toujours un peu avec précaution. Ils recherchent les surfaces molles dans le paddock et peuvent se coucher plus souvent que les autres membres de leur troupeau. La ligne blanche est légèrement plus large, et le maréchal-ferrant a peut-être du mal à le maintenir suffisamment court. Tous ces éléments peuvent être des indications de processus inflammatoires dans la boîte cornée du sabot et ne doivent pas être négligés, car des changements dans la position et la forme du sabot peuvent également se produire.

La bonne nouvelle, c'est que, si votre cheval est soigné correctement et consciencieusement, il n'est pas nécessaire d'en arriver là. Un traitement rapide et cohérent permet de s'assurer que les sabots du cheval ne sont pas endommagés de façon permanente. La seule chose qui reste - le risque accru et permanent de récidive - peut être maintenu à un niveau très bas grâce à une gestion, une alimentation et un travail optimisés.

Pour tous les chevaux atteints de fourbure, il faut viser une alimentation pauvre en glucides afin d'éviter une forte sécrétion d'insuline. On y parvient en supprimant les céréales (y compris les produits à base de riz) de la ration. Si le foin est très riche en sucres, il est possible de le tremper. Les sucres solubles seront ainsi éliminés. Il est important que le foin ne soit pas seulement mouillé, mais qu'il soit vraiment lavé pendant une période d'au moins 30 à 60 minutes. Les chevaux en surpoids doivent absolument perdre du poids pour ne pas souffrir à nouveau de fourbure. C'est pourquoi il est recommandé de peser quotidiennement la quantité de foin. En ce qui concerne l'aliment minéral, il est conseillé d'apporter plus de zinc et de vitamine E que nécessaire. Pour garantir l'apport de tous les micronutriments essentiels, nous recommandons de complémenter avec le Agrobs® Seniormineral, qui contient non seulement plus de zinc et de vitamine E, mais aussi des acides aminés essentiels. Pour les chevaux trop maigres (p. ex. en cas de Cushing), l'huile (p. ex. OMEGA3 Pur) est une source d'énergie sûre et sans glucides.

Sources:
- Coenen, M.; Vervuert I.: Pferdefütterung. Georg Thieme Verlag KG, Stuttgart, 2020
- Gesellschaft für Pferdemedizin: Hufrehe-Leitfaden (2017). Zur Sorgfalt bei der Diagnostik und Therapie der Hufrehe.
- Kienzle, E., Fritz, J: Fütterungsbedingte Rehe – Rezidivprophylaxe beim übergewichtigen Pferd. Tierärztliche Praxis Großtiere 4/2013, S. 257-264